Michel R. Campbell Ph.D.

Membre de l’Ordre des psychologues du Québec

Le deuil

On aura tous à vivre, à un moment ou l'autre de notre vie, un deuil. Par exemple, la moitié des conjoints seront témoins du décès de leur partenaire de vie et la plupart des enfants assisteront aux obsèques de leurs parents.

Dans une perspective plus large, le deuil peut également être vécu suite à une rupture amoureuse ou après la perte d'un emploi. On peut même parler d'une réaction de deuil dans le cas d'une perte d'une partie de son corps, comme une amputation, une ablation ou suite à une affectation comme la surdité ou la cécité. Toutefois, pour qu'il y ait deuil, il y a nécessairement la perte de quelque chose ou de quelqu'un qui est intimement relié à notre épanouissement personnel ou à notre bonheur.

Le deuil en soi n'est pas une maladie mais plutôt une réaction émotive. Par contre, si le deuil perdure et paraît insurmontable, au point d'affecter votre adaptation sociale ou occupationnelle, il doit être considéré comme un problème psychologique.

Les symptômes

Les réactions émotives à une perte importante peuvent être vécues comme un état de consternation, de choc, de désarroi, de déchirement, de vide, de panique, de découragement, de peine et de douleur intense. La réaction émotive peut produire des effets somatiques, comme la perte d'appétit et de poids et une faiblesse généralisée. Des difficultés de concentration peuvent également être associées à une perte. L'angoisse, l'insomnie et la dépression sont également souvent reliées au deuil.

Les étapes

Le Dr Worden, spécialiste en deuil, prétend qu'il y a quatre étapes dans un processus de deuil rattaché à un décès : l'acceptation de la réalité de la perte; l'expression de la douleur reliée à cette perte; l'adaptation à un environnement dans lequel le décédé est absent; le retrait de l'énergie émotionnelle de cette relation et le réinvestissement de cette énergie dans d'autres relations. Après avoir franchi ou complété ces quatre étapes, l'endeuillé peut parler de résolution du deuil. Si ces étapes sont inachevées, l'endeuillé risque de vivre des difficultés psychologiques et glisser vers une dépression.

Le deuil d'un conjoint

Certains spécialistes prétendent que dans le cas du deuil d'un conjoint, la majorité des gens, après avoir connu une intense réaction de chagrin, retrouvent leur équilibre après une période d'environ deux ans. Cela ne veut pas dire qu'ils n'ont plus de peine, mais ils ont retrouvé un niveau d'adaptation semblable à ce qu'il était avant le décès. On n'oublie pas un deuil important mais, avec le temps, on y pense de moins en moins.

Quelques conseils pratiques

Il est important de permettre à l'endeuillé d'exprimer ses émotions, que ce soit de la colère, de la peur, de la culpabilité ou du chagrin, peu importe. La ventilation émotive a des effets psychologiques bénéfiques, comme si elle laissait sortir la souffrance. Le contraire peut être inquiétant. Vaut mieux, en général, s'entourer de ceux qu'on aime que s'isoler.

En guise de preuve d'amour, certaines personnes vont promettre à l'être cher qu'elles ne l'oublieront jamais, un peu comme un pacte. C'est ce que j'appelle «le syndrome de l'intronisation». Cette mystification risque de maintenir l'état de douleur et de souffrance, en plus de prolonger le deuil. En effet, cela n'est pas dans l'intérêt psychologique de l'endeuillé. Je recommande plutôt d'intervenir pour raccourcir la période de deuil, comme se départir ou entreposer les choses qui font penser au défunt. Rendre hommage à sa vie est plus adaptatif que perpétuer des souvenirs douloureux.

Les interventions

Si l'état de deuil perdure, il existe des groupes bénévoles d'endeuillés. J'ai déjà rendu un témoignage à un groupe animé par Mario Paquin, un ami d'enfance qui a perdu son fils suite à un cancer. L'histoire de Mario m'a profondément touché et l'expérience que j'ai vécue dans ce groupe m'a permis d'accepter la mort de mon petit frère Marc. L'expérience fut très enrichissante.

Les interventions psychologiques ont pour objectif d'aider l'endeuillé à clarifier et résoudre toute situation inachevée envers le défunt pour en arriver à un adieu final. Elles permettent également de conscientiser les mesures à entreprendre pour favoriser l'achèvement du deuil ou résoudre les conflits reliés à un deuil pathologique. Le contact avec la mort ne nous fait-il pas prendre conscience la fragilité de la vie et de l'importance de vivre pleinement sa vie?

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Préparé par le Dr Michel R. Campbell, psychologue et sexologue

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