Michel R. Campbell Ph.D.

Membre de l’Ordre des psychologues du Québec

La cyberdépendance sexuelle

Depuis les temps préhistoriques, les humains ont toujours manifesté un intérêt remarquable pour la sexualité. De l'homme des caverves avec ses dessins érotiques, à l'Antiquité avec les objets érotiques, au Moyen-Age avec les bains publics et les orgies et, de nos jours, la cybersexualité, soit des expériences sexuelles via l'ordinateur.

Il y a vingt ans, vous m'auriez dit qu'un jour on me consulterait pour une cyberdépendance sexuelle, j'aurais trouvé l'idée plutôt étrange, pour ne pas dire farfelue. Croyez-le ou non, de plus en plus de personnes vivent des interactions sexuelles virtuelles sur Internet. Certains sont cyberdépendants au point où ils ne peuvent plus s'en détacher. Leur vie sociale, conjugale et professionnelle en est sérieusement affectée.

Le cybersexe

Le cybersexe se divise actuellement en deux grandes parties : les sites sexuels "plus de 500,000,000 sites" où vous avez accès à de la pornographie sexuelle et plus particulièrement à des photos sexuelles, et les "chat lines" sexuels qui sont des salons de conversation érotique sur Internet.

L'interaction sexuelle vidéo-virtuelle est également en plein essor, mais moins populaire, car plus coûteuse. Ce type d'interaction permet de voir la personne sur votre moniteur. Ainsi, vous pouvez lui demander de répondre à vos fantasmes les plus secrets, moyennant bien sûr, une somme d'argent. L'avantage, c'est que vous pouvez le faire dans l'intimité de votre domicile, en toute confidentialité ou presque.

Est-ce un nouveau problème ?

Non. Eu fait, c'est un vieux problème, celui de la dépendance, comme dans le cas de l'alcoolisme ou du jeu pathologique " gambling ", mais qui se manifeste d'une nouvelle manière. Selon le Dr Young, de l'Université de Pittsburg, une spécialiste de la cyberdépendance, ce problème ressemble à celui du jeu pathologique, soit une dépendance psychologique avec un volet obsessionnel et compulsif. Cette dépendance se manisfeste surtout au niveau des salons de discussion, plus particulièrement ceux avec une composante sexuelle et affective.

Certains de mes clients vivent ces expériences virtuelles durant les heures de travail, à l'insu et au détriment de leur employeur. D'autres passent plus de dix heures par jour à "sexamuser" sur Internet.

Les "chat lines" sexuels

Ces salons de discussion virtuelle permettent de dialoguer, sans épargner les détails, avec des personnes à travers le monde. À l'autre bout de l'Internet, la personne "ou les personnes" peut vous décrire ses fantasmes, et tout ce que vous pouvez imaginer, alors que l'interlocuteur peut réagir immédiatement au contenu. Les internautes, de part et d'autre, développent une relation pseudo-intime où l'imagination les amène à une liaison tant affective que sexuelle. Les personnes tentent de se séduire mutuellement et parviennent à se convaincre qu'ils ont trouvé la perle rare qui peut répondre à tous leurs besoins sexuels et affectifs. Elles sont prêtes à tout foutre en l'air pour maintenir ce lien pseudopassionnel.

Les troubles de dépendance

Jean-Pierre Rochon, spécialiste en toxicomanie, explique: "L'individu cyberdépendant est conscient de son obsession, mais il peut difficilement se sortir de la dynamique qu'il a lui-même créée... il consacre tout son temps devant l'écran de l'ordinateur... un engrenage qui l'amène à fuir la réalité". M. Rochon, psychologue, et le Dr Young offrent des "chat lines" psychologiques et de la documentation pour aider les cyberdépendants: www.psynternaute.com et www.wbs.net.

Les interventions

Certains préconisent un modèle d'intervention qui s'apparente au mouvement Alcoolique Anonyme. D'autres suggèrent la désintoxication psychologique. Certains proposent un traitement visant à corriger les croyances erronées et un entraînement tant à la solution de problèmes qu'aux compétences sociales, en plus de développer des stratégies de prévention de la rechute.

Ce qui m'inquiète le plus, ce sont les conséquences sur les enfants. Par exemple, sans le savoir, une de mes clientes a fait l'amour virtuel dans un contexte sadomasochiste pendant des mois avec un homme qui s'est avéré être un jeune garçon de 12 ans !!!

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Préparé par le Dr Michel R. Campbell, psychologue et sexologue

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