Michel R. Campbell Ph.D.

Membre de l’Ordre des psychologues du Québec

L'anxiété généralisée (2 de 4)

Comme mentionné dans le dernier article la caractéristique principale du Trouble de l'anxiété généralisée ou «TAG» est l'inquiétude. L'individu anxieux donne l'impression que l'inquiétude est un moyen efficace pour prévenir ou éliminer le danger, comme si l'inquiétude lui donnait l'illusion de contrôler son environnement. En général, les inquiétudes gravitent autour des problèmes d'argent, de maladie, de travail et de relations conjugales et familiales.

L'intensité et la fréquence

Comme tous les parents, je m'inquiète pour mes enfants, mais dans le secteur de l'anxiété, c'est une question d'intensité et de fréquence. S'inquiéter de temps en temps est bien différent de s'inquiéter constamment à s'en tordre les tripes. L'individu qui souffre d'un Trouble d'anxiété généralisée aura tendance à s'inquiéter de tout et de rien. Y aura-t-il un embouteillage en allant au travail ? Serais-je en retard à mon rendez-vous ? Serais-je muté à un autre poste ? Aurais-je la grippe ? Les préoccupations concernant le chômage, l'économie et la pollution sont, la plupart du temps, à l'ordre du jour. Certains chercheurs prétendent que plus de 90% des individus qui souffrent du TAG ont également des inquiétudes au sujet d'événements anodins ou mineurs.

L'anxiété: d'abord un mécanisme d'adaptation

L'anxiété est une réponse d'adaptation lorsque l'organisme perçoit un danger. Au début du siècle, W. B. Cannon, un éminent chercheur, croyait que l'anxiété était un mécanisme physiologique de survie face à la menace ou au danger. Un mécanisme de survie, disait-il, puisque l'anxiété a pour effet d'augmenter la capacité d'adaptation de l'organisme à l'environnement.

Grosso modo, lorsque l'organisme perçoit un danger ou une menace à sa survie, le métabolisme réagit par un réaction réflexe d'anxiété. Cette réaction, désagréable à la base, est soulagée lorsque l'organisme s'engage avec succès dans un comportement de fuite ou d'attaque. Ainsi, ce comportement de survie a pour objectif d'éliminer le danger ou la menace. En d'autres mots, l'individu cherche à fuir le prédateur. Ou encore, il cherche à éliminer la menace par l'attaque ou la destruction de ce qui est perçu comme menaçant. Ce mécanisme complexe de survie aurait permis à plusieurs espèces, notamment aux humains, de s'adapter à un environnement souvent hostile.

La survie

Lorsque l'organisme s'engage dans un comportement de survie, que ce soit comme primate dans la jungle ou comme humain dans un monde industrialisé, les mêmes mécanismes de base, ou si vous préférez de survie, sont activés. Par exemple, la perception du danger fait sécréter une kyrielle d'hormones comme la noradrénaline, l'adrénaline «hormone d'urgence», la dopamine, et cetera. Ces hormones ont pour effet d'augmenter le potentiel de survie, mais sont également responsables de la plupart des symptômes de l'anxiété.

Ainsi, lorsqu'un individu perçoit le danger ou la menace, le système nerveux autonome est activé et produit un effet d'augmentation du rythme cardiaque et de la pression sanguine tout en augmentant la force ou la résistance des organes vitaux. C'est comme si l'humain devenait gonflé à bloc pour augmenter sa force d'attaque ou de fuite. Bref, l'anxiété a pour effet d'augmenter le niveau d'adaptation à l'environnement tout en assurant un plus grand potentiel de survie.

L'anxiété comme réaction mésadaptée

Évidemment, la réaction d'anxiété face à un danger réel est une réaction adaptée puisqu'elle augmente les chances de survie. Par contre, ce grand déploiement d'énergie cause, à posteriori, un sentiment de fatigue et d'épuisement. Mais le jeu en vaut la chandelle; après tout, c'est la survie qui compte. Toutefois, il faut savoir que la peur réelle ou imaginaire produit les mêmes effets sur l'organisme. L'inquiétude imaginaire produira un effet d'activation des divers systèmes, comme l'augmentation du rythme cardiaque, des sensations de chaleur et de tension, une pression au niveau de la poitrine, ou si vous préférez, les symptômes de l'anxiété. Comme mentionné précédemment, les symptômes de l'anxiété sont désagréables, mais la fuite ou l'attaque permet, en principe, de les éliminer. Le hic, c'est lorsque l'individu n'arrive pas à fuir ou à attaquer, comme dans les cas où l'anxiété provient de l'imaginaire ou de l'inquiétude.

Lectures suggérées :

  • La peur d'avoir peur : Quide de traitement du trouble panique avec agoraphobie, par Andrée Letarte, psychologue et, André Marchand, Ph. D. psychogue (Éditions Staké)

Site suggéré :

Préparé par le Dr Michel R. Campbell, psychologue et sexologue

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N.B. Le but de cet article est d'informer le lecteur concernant les caractéristiques associées à une maladie mentale. Seulement un professionnel de la santé qualifié peut évaluer ce genre de maladie.

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