Michel R. Campbell Ph.D.

Membre de l’Ordre des psychologues du Québec

Les troubles de panique

Sophie, 22 ans, entre dans mon bureau en me disant : -«Je n'en peux plus, je capote, j'ai l'impression que je vais perdre la tête». En effet, elle me paraissait très angoissée par ce qu'il lui arrivait. -«Explique-moi plus en détail ce que tu vis?», lui dis-je.

Les symptômes

Sophie m'explique qu'elle a l'impression qu'elle ne peut plus respirer, comme si elle avait le souffle coupé. -«Je deviens étourdie et j'ai l'impression que je vais m'évanouir», m'explique-t-elle. «On dirait que mon coeur va sortir de mon corps, tellement il bat fort... puis, je me mets à trembler comme une feuille», me dit-elle. -«As-tu d'autres réactions dans ton corps?», lui demandais-je. -«J'ai tellement chaud que je dégoutte... puis, j'ai l'impression que je vais devenir folle, ça me fait peur ça pas de bon sens», me raconte-t-elle. -«Cela fait-il longtemps que tu te sens comme ça?» -«Ça fait environ un mois» -«C'est arrivée combien fois durant le dernier mois?» -«Quatre ou cinq fois» -«Est-ce qu'il y a des circonstances qui déclenchent cette réaction?» -«Je ne crois pas»

Après avoir éliminé des facteurs organiques, par exemple, la consommation excessive de café ou de thé, l'utilisation de drogues, comme des amphétamines ou de la cocaïne, ou encore, en l'absence de problèmes médicaux, comme l'hyperthyroïdie ou l'hypoglycémie, et cetera, j'en suis arrivé à la conclusion qu'elle vivait un trouble de panique. Il va sans dire que le trouble de panique constitue la plus pénible et la plus invalidante forme d'anxiété. Dans le cas de Sophie, les attaques de panique n'étaient pas associées à l'agoraphobie, c'est-à-dire, la peur de sortir dans des endroits publics ou la peur d'être loin de chez soi, comme c'est souvent le cas. Par contre, l'anxiété soudaine très intense lui donnait l'impression que sa vie ou sa santé était en danger, si bien qu'elle commençait à craindre les sorties.

L'incidence

Les attaques de panique affectent environ 2% à 5% de la population et, dans 80% des cas, elles atteignent surtout les femmes. Certains chercheurs croient que les attaques de panique précèdent et créent l'agoraphobie. Toutefois, il faut dire que l'agoraphobie peut se développer sans histoire d'attaque de panique.

Les causes

On a longtemps cru que les attaques de panique étaient strictement d'origine biologique ou génétique. De nos jours, la recherche a tendance à démontrer que certaines personnes ont une vulnérabilité biologique ou une prédisposition génétique qui serait activée par des événements de vie stressants, comme la précarité ou la perte d'emploi, la séparation, les deuils, le contact inopiné avec la mort, et cetera. Le cumul des facteurs stressogènes peut donc déclencher une réaction d'anxiété aiguë qui se transformera ultérieurement en attaque de panique.

Le traitement pharmacologique

Le traitement par médicament est optionnel, mais certains prétendent qu'il donne un support ou une aide au traitement psychologique. Les médicaments les plus populaires seraient le Xanax, l'Ativan, le Rivotril et le Tofranil. Par contre, selon le Dr Cottraux, psychiatre et professeur à l'Université de Lyon, «la chimiothérapie antidépressive ou anxiolytique n'améliore que les paniques et son arrêt est en général suivi de rechutes et/ou de rebonds symptomatiques dans plus de 80% des cas.»

Le traitement psychologique

La première phase du traitement consiste à expliquer au client ce qui cause les attaques de panique tant au niveau physiologique que psychologique. Ces informations permettent essentiellement de dédramatiser le trouble.

La deuxième phase du traitement se caractérise par l'identification des interprétations négatives ou erronées que fait la personne des sensations corporelles qu'elle a lors d'une panique. Certains thérapeutes se provoquent une simili panique, par des techniques d'hyperventilation, pour montrer à la personne comment la faire disparaître. La personne sera également amenée à identifier ses pensées automatiques, souvent des anticipations ou interprétations catastrophiques (e.g., maladie cardiaque, folie, perte de contrôle, etc.), et à les remettre en question par une technique appelée restructuration cognitive.

La troisième phase du traitement consiste à un entraînement à la gestion des symptômes de panique. Il s'agit donc de mettre en application la technique de contrôle de la respiration et des techniques de distraction.

L'efficacité

Maintenant, on estime que le traitement cognitivo-comportemental conduit à une rémission complète et durable des attaques de panique dans 80% à 100% des cas.

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Livre suggéré :

  • Marchand, A., Letarte, A. : La peur d'avoir peur Guide de traitement du trouble panique avec agoraphobie. : Éditeur : Stanke Alain, 2001

Préparé par le Dr Michel R. Campbell, psychologue et sexologue

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N.B. Le but de cet article est d'informer le lecteur concernant les caractéristiques associées à une maladie mentale. Seulement un professionnel de la santé qualifié peut évaluer ce genre de maladie.

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