Michel R. Campbell Ph.D.

Membre de l’Ordre des psychologues du Québec

Les rêves

Les rêves se divisent en deux parties : les rêves éveillés et les rêves durant le sommeil. Les rêves éveillés sont simplement des représentations mentales ou imaginaires d'événements. Les rêves durant le sommeil sont semblables à ceux de l'état de veille, sauf qu'ils sont souvent plus étranges, plus incohérents ou absurdes, et surtout, plus élaborés. En outre, nous avons l'impression de les subir, avec peu ou pas de contrôle sur le contenu.

Le sommeil

Il est difficile de parler des rêves sans parler du sommeil. Ce dernier comprend quatre phases. La phase d'endormissement (1), qui ne dure que quelques minutes; la phase du sommeil confirmé (2), laquelle est caractérisée par un niveau de vigilance très abaissé, mais pendant laquelle la réactivité à l'extérieur est conservée; la phase de sommeil profond (3) et la phase de sommeil très profond (4). Ces quatre phases de sommeil constituent ce qu'on appelle le sommeil lent.

Le sommeil rapide

Entre les phases du sommeil lent, il apparaît spontanément et de façon intermittente, au 90 minutes environ, ce qu'on appelle un état de sommeil rapide ou paradoxal. Cet état est caractérisé, entre autres, par une intense activité cérébrale et par ce qu'on appelle le R.E.M. " Rapid Eye Mouvement " ou mouvement oculaire rapide. Les chercheurs ont observé que lors du REM, les yeux oscillent rapidement de gauche à droite, alors que les paupières sont en général fermées. C'est durant ces périodes que se produirait la plupart de nos rêves.

Le REM

Le REM correspond à la phase du sommeil le plus léger. Des contractions musculaires, des irrégularités dans le rythme cardiaque, une forte activité électrique au cerveau et des changements soudains dans la dimension de la pupille sont observables durant cette période, qui peut durer jusqu'à 45 minutes. Étonnamment, on constate chez l'homme de fortes érections du pénis et, chez la femme, une lubrification vaginale importante. Il est donc vrai de dire que durant le sommeil, de façon intermittente, les hommes ont des érections complètes involontaires, et cela, pour une durée totale de plus de deux heures.

À cet effet, les chercheurs ont développé un instrument appelé le pléthysmographe pénien. Celui-ci peut mesurer l'intensité de l'érection durant le sommeil. Ainsi, dans certains cas de dysfonctions érectiles, cet instrument permet de diagnostiquer si le problème est de nature organique " soit un problème de plomberie " ou de nature psychologique. Génial, n'est-ce-pas ?

Le souvenir des rêves

Les recherches ont montré qu'environ 80 % des personnes qui s'éveillent durant le REM peuvent raconter avec précision le rêve qu'elles étaient en train de faire. Comme si l'éveil activait la mémoire du rêve. Il faut savoir qu'il y environ trois à quatre périodes de REM durant une nuit de sommeil. En fait, les scientifiques prétendent que tout le monde rêve, sauf que certains s'en rappellent et d'autres pas.

En fait, personne n'est tout à fait certain pourquoi on rêve, ou encore, quelle en est la signification réelle. Certains, plus mystiques, prétendent que les rêves cachent des vérités sur l'avenir. D'autres, plus occultistes, prétendent qu'il y a dans les rêves des messages des dieux ou des morts.

Freud (1856-1939)

Pour Sigmund Freud, père de la psychanalyse, les rêves étaient la porte d'entrée de l'inconscient et reflétaient l'accomplissement de désirs inconscients. Ainsi, expliquait-il, la signification des rêves ne réside pas dans le fait qu'ils nous révèlent ce qui nous arrivera plus tard, mais bien dans le fait qu'ils nous dévoilent quelque chose à propos de ce que nous sommes maintenant. Il prétendait que les événements dans les rêves étaient des énoncés très significatifs sur soi, mais exprimés dans une sorte de langage symbolique. Selon Freud, l'étude et l'interprétation des rêves ne pouvaient que favoriser les prises de consciences sur soi. C'est d'ailleurs pour cette raison, à mon avis, qu'il en fit un concept important dans le traitement psychanalytique.

Avez-vous réalisé que durant votre existence, vous passerez environ huit ans à rêver ? En effet, plus de 10 % de votre vie sera consacré aux rêves, ou si vous préférez, au sommeil paradoxal.

À quoi servent les rêves ?

Personne ne sait avec certitude à quoi servent les rêves. Par contre, certains chercheurs prétendent que les fonctions du rêve sont multiples et se modifient probablement avec l'âge. Par exemple, chez les nouveau-nés les rêves permettraient de confronter les programmes instinctifs avec les facultés cognitives (faire le lien entre les instincts et l'environnement). Certains chercheurs croient que les rêves permettent l'organisation et la reprogrammation périodiques des comportements innés, en plus de faire le lien entre l'inné et l'acquis, probablement dans le but d'assurer une plus grande adaptabilité à l'environnement.

La mémoire et l'apprentissage

D'autres prétendent que les rêves jouent un rôle important dans la mémoire et l'apprentissage. Ainsi, les rêves permettraient la consolidation de la mémoire à long terme tout en facilitant les acquisitions nouvelles, un peu comme si les rêves permettaient de pratiquer les nouveaux apprentissages dans divers contextes. Les chercheurs sont d'accord pour dire que les rêves accélèrent la fixation des souvenirs. À cet effet, ils ont noté que les animaux et les poissons qui ne rêvent pas ou qui rêvent peu ont de faibles capacités d'apprentissage.

L'organisation de la pensée

De son côté, le chercheur Francis Crick, prix Nobel de physiologie-médecine, prétend que les rêves permettent de trier et de conserver l'information des journées précédentes, comme une vaste opération d'organisation et de classification des données au cerveau. Ainsi, certains renseignements sont éliminés de la mémoire et d'autres sont conservés. Le Dr Michel Jouvet, neurochirurgien et chercheur, explique que les rêves sont un moyen de reprogrammer son identité personnelle tout en permettant la conservation de l'ensemble des traits de caractère qui constitue la personnalité d'un individu. Bref, les rêves permettraient, entre autres, de mémoriser nos attitudes quotidiennes.

Est-il normal des faire des cauchemars ?

Les études montrent que la plupart des personnes ont des cauchemars. Environ 10 % des personnes rapportent au moins un cauchemar par mois. Les émotions telles que la peur, la colère, la culpabilité et le chagrin sont les plus fréquentes. Se faire poursuivre par un étranger est, semble-t-il, très fréquent chez l'adulte. Les enfants se font surtout poursuivre par un animal ou une créature. Il faut dire que les cauchemars sont plus fréquents chez les enfants entre l'âge de trois et quatre ans et entre l'âge de sept et huit ans.

Hier, ma fille Audrey a rêvé que son lit était plein de fourmis. J'ai dû faire une inspection et bonne et due forme pour la convaincre du contraire. Et j'ai pris quelques minutes pour lui expliquer qu'un rêve, c'est comme une histoire qu'on s'imagine... L'important, c'est de rassurer et de calmer les enfants afin qu'ils puissent s'endormir de nouveau.

Les causes

Certains médicaments ou drogues ont tendance à favoriser les cauchemars. Si vous croyez que c'est votre cas, parlez-en à votre médecin. La fièvre et les maladies sont souvent associées aux cauchemars. Suite à un traumatisme psychologique ou à des difficultés émotives, les cauchemars peuvent être fréquents et parfois récurrents. Certains prétendent que cela fait partie du processus de guérison. Le stress aigu peut également favoriser les cauchemars. Dans un tel cas, c'est peut-être un signe qu'il faut s'interroger ou intervenir pour réduire le stress. Par contre, si les cauchemars sont fréquents et réduisent votre qualité de vie, c'est un signe qu'il y a lieu de consulter.

Toutefois, la recherche révèle que près de 50 % des personnes qui rapportent avoir fréquemment des cauchemars accueillent cette réalité comme une expérience mentale créative et fascinante, bien qu'éprouvante. Un peu comme s'ils jouaient un rôle dans un film époustouflant, mais sans plus. Il semble que tout soit dans l'attitude qu'on adopte face au cauchemar.

Bien que ce ne soit pas un cauchemar, j'ai déjà rêvé que Jean Charest me consultait pour l'aider à prendre une décision. Ce qui est étrange, c'est qu'il était accompagné de sa secrétaire Marilyn Monroe! Fascinant, n'est-ce-pas ? Y a-t-il un lien ? À vous d'interpréter !

Liens suggérés :

Bibliographie :

  • Bulkeley, K. (1997). Alternative clinical theories about dreams. Dans: An introduction to the psychology of dreaming. Westport: Praeger, pp. 39-49.
  • Domhoff, G.W. (2000). Methods and measures for the study of dream content. Dans: Kryger, M.H., Roth, T. et Dement, W.C. (Éds), Principles and practices of sleep medicine. 3rd Edition. Philadelphia: W.B. Saunders Co, pp. 463-471.
  • De Koninck, J., Lortie-Lussier, M., Godbout, R. (1999). La culture et les rôles sociaux. Dans: Sommeil et les rêves: Une perspective psychologique. Document non publié, pp. 201-210.
  • Nielsen, T.A., Zadra, A. (2000). Dreaming disorders. Dans: Kryger, M., Roth, N., & Dement, W.C. (Eds.), Principles and practices of sleep medicine, 3rd Edition. Philadelphia: W.B. Saunders Co, pp. 753-772.

Préparé par le Dr Michel R. Campbell, psychologue et sexologue

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